Description
« “Il ne faut pas se réjouir trop et trop longtemps. Cela te rend aussi perméable qu’un bout de pain plongé dans du thé : tu gonfles et tu finis par exploser. ”
Nous rions, ma meilleure amie et moi, de cette théorie qui nous vient de sa mère. Pourtant, je me surprends moi-même à écourter mes joies. Ainsi ai-je interrompu, un jour d’avril, mon séjour légal en France. »
Alors que sa vie bascule sous le règne de la clandestinité et du qui-vive permanent, Touhfat Mouhtare s’interroge : d’où vient cette sensation de familiarité avec la crainte d’être démasquée, le sentiment d’urgence, la nécessité de ne surtout pas laisser la joie s’installer ?
Mise dos au mur par sa situation désespérée, l’autrice sera sommée de répondre à une question longtemps fuie. Il lui faudra, en autant de chapitres, dénouer onze nœuds, lacés il y a bien longtemps sur la corde de sa vie.
D’une saisissante profondeur, ce texte où la spiritualité du récit initiatique côtoie l’espièglerie du conte nous pose une question radicale : comment s’accorder le droit de vivre ?
» Originaire des Comores et arrivée en France à 18 ans pour y faire des études, Touhfat Mouhtare passe brutalement du statut « en règle » à celui de « sans-papiers ». Une liste d’interdits comme épée au-dessus de la tête, la jeune femme glisse peu à peu dans la clandestinité. Coûte que coûte, elle décide de rester en France par effraction, continue ses études et trouve une librairie comme refuge. Il s’agit alors de survivre à la peur, à la honte et aux doutes pour espérer, un jour, passer de l’état « brumeux » de clandestin à celui « solide » obtenu grâce au Graal qu’est le permis de séjour. Dans ce texte d’une grande sensibilité, l’autrice conte son parcours de régularisation, sa vie en cachette et les choses qui arrivent pour passer du statut de « numéro » à celui de « quelqu’un ». Avec ce magnifique témoignage, Touhfat Mouhtare livre ici un texte fort et profond ! » Michaël Le Galli, Librairie Dialogues (Brest)